- PAPOUASIE-NOUVELLE-GUINÉE
- PAPOUASIE-NOUVELLE-GUINÉEDans ce pays d’îles à la géographie tourmentée et montagneuse, où la société éclatée en groupes claniques multiples et souvent batailleurs est peut-être l’une des plus traditionnelles du monde, l’indépendance a été obtenue en 1975. Beaucoup d’observateurs jugeaient à cette époque le pari politiquement risqué, tant le nouvel État paraissait sans réelle unité ni conscience nationale, tandis qu’à ses frontières le voisinage ombrageux de l’Indonésie faisait naître une nouvelle inquiétude. Les problèmes sociaux sont également multiples, notamment les effets d’une démographie explosive de type Tiers Monde (22 p. 1 000 d’accroissement naturel en 1993), d’un exode rural trop rapide et d’une croissance urbaine incontrôlée.La Papouasie-Nouvelle-Guinée comprend la partie est de la grande île de Nouvelle-Guinée et la guirlande des îles relativement grandes qui la bordent au nord et au nord-est: îles de l’archipel des Bismarck (Nouvelle-Bretagne, Nouvelle-Irlande et Manus) et îles du nord de l’archipel des Salomon (Bougainville et Buka). L’ensemble représente 462 840 kilomètres carrés (soit un peu moins que la superficie française) et la population, très inégalement répartie, avec des poches de fortes densités parfois de l’ordre de 100 habitants par kilomètre carré sur les hautes terres et de vastes régions vides ou à peine peuplées, s’élevait au recensement de 1990 à 3 689 038 habitants, soit une moyenne assez basse d’un peu moins de 8 habitants par kilomètre carré pour l’ensemble du pays.Instabilité et jeunesse des reliefsCes îles forment un ensemble de terres élevées dont les hauts sommets culminent de 4 000 à 4 500 mètres d’altitude. La jeunesse et la vigueur des reliefs s’expliquent par la situation géographique de ces archipels situés à la frontière des deux plaques tectoniques qui se partagent le Pacifique: la plaque du Pacifique à l’est, la plaque indo-australienne au sud-ouest. Ces deux plaques butent l’une sur l’autre, la première recouvrant la seconde (à la vitesse de quelques centimètres par an): il en résulte une instabilité quasi permanente qui se traduit par des tremblements de terre fréquents et de nombreux volcans actifs, en particulier dans les îles de la mer de Bismarck où ces volcans, au nombre d’une centaine, forment l’un des cœurs actifs de la «ceinture du feu» du Pacifique. Le volcan Vulcan qui domine la ville de Rabaul, capitale de la Nouvelle-Bretagne, est peut-être l’un des plus dangereux, mais la dernière éruption catastrophique eut lieu sur l’île même de Nouvelle-Guinée, où, en 1951-1952, les «nuées ardentes» du mont Lamington entraînèrent la mort d’environ 3 000 personnes.L’île de Nouvelle-Guinée est traversée par un massif montagneux large de 100 à 300 kilomètres, surgi au Tertiaire mais dont les phases orogéniques les plus intenses datent du début du Quaternaire. Le matériel, constitué principalement de roches métamorphiques associées à des formations volcaniques et des calcaires coralliens soulevés, a été affecté de failles et plissements vigoureux. D’importantes dépressions structurales éventrent ce relief tourmenté, les hautes chaînes de direction nord-ouest - sud-est alternant avec des plateaux et hautes vallées où circulent des rivières au cours instable découpant parfois des cañons et des gorges infranchissables. Les points les plus élevés sont le mont Wilhelm (4 509 m) et le mont Giluwe (4 368 m): une grande partie de la haute chaîne dépasse 3 000 mètres d’altitude, tandis que le complexe des hautes vallées et plateaux, site d’habitat privilégié de groupes humains denses, se situe à une altitude moyenne d’environ 1 500 mètres.Au nord et au sud, ce complexe de hautes terres est flanqué par deux vastes dépressions structurales: la grande plaine du fleuve Sepik au nord-ouest, large, dans sa partie la plus étendue, d’environ 150 kilomètres et parcourue d’ouest en est par des chaînes de montagnes montant parfois jusqu’à 1 200 mètres d’altitude; au sud, la plaine marécageuse de la Fly River et de ses affluents qui s’achève dans l’immense complexe d’estuaires et de mangroves du golfe de Papouasie.Le relief de la Nouvelle-Guinée est tel que, en raison de la raideur des pentes ou de l’altitude, seulement 15 p. 100 des sols peuvent être considérés comme directement utilisables pour l’agriculture. Si le climat quasi équatorial est chaud et humide sur les basses terres, sans réelle saison sèche (sauf dans la région du golfe de Papouasie), il se transforme en climat tropical d’altitude, puis alpin en haute montagne. À l’échelle des moyennes nationales, les températures maximales sont de 33 0C et les températures minimales de 22 0C. Les trois quarts de la superficie sont couverts d’une forêt primaire ou secondaire qui doit sa très grande richesse floristique à la situation géographique de la Nouvelle-Guinée, pont naturel entre l’Asie, l’Australie et les îles du Pacifique du sud-ouest.Une société atomiséeDans ce monde insulaire barré de montagnes élevées dans lesquelles les communications sont difficiles, bordé de plaines marécageuses et de côtes à mangrove souvent insalubres, l’homme s’est comme confiné dans une multitude de petites sociétés séparées les unes des autres par des barrières culturelles et physiques. Organisée à l’échelle de la vallée ou du microterritoire, la vie sociale ne déborde qu’exceptionnellement hors des limites du clan et de l’agrégat de petits villages ou hameaux, soit l’échelle du millier d’habitants. Entre ces groupes claniques, la guerre rituelle était autrefois la norme, s’arrêtant généralement au bout de quelques morts pour laisser place à une cérémonie de paix, où chaque clan payait à l’autre des compensations pour les guerriers tués et échangeait éventuellement des femmes pour des alliances de mariage.Dans de telles sociétés aux structures atomisées, la chefferie n’était ni héréditaire ni élue, mais en général gagnée à l’issue d’une compétition à base économique, le «grand homme» étant celui qui accumule le plus de richesses – notamment de cochons – qu’il redistribue ensuite au cours de somptueuses cérémonies. Un grand homme ou big man se doit donc d’être généreux: ne s’élève que celui qui est riche et n’est riche que celui qui est dans une position sociale élevée. Le pouvoir politique, s’il est théoriquement l’affaire de tous, est en réalité rigoureusement contrôlé par la confrérie des hommes souvent âgés qui le possèdent déjà.Chaque groupe tribal ou confédération de clans relevant d’ancêtres communs a ses rituels, ses coutumes particulières, son type de chefferie et, souvent, sa propre langue. On compte ainsi près de sept cents langues pour la seule île de Nouvelle-Guinée, ce qui explique d’ailleurs l’extension rapide du pidgin comme langue véhiculaire et son élévation au statut de langue nationale. En moyenne, une langue autochtone est parlée par environ 10 000 personnes, mais ce peut être beaucoup moins. Sur les hautes terres, en revanche, se trouvent les groupes linguistiques les plus nombreux, comme celui du pays enga, dont la langue est parlée par plus de 150 000 personnes.Les premiers habitants qui migrèrent dans ces îles, voilà peut-être 40 000 ans, étaient des chasseurs-cueilleurs venus de l’Asie du Sud-Est à une époque où le bas niveau des mers rendait le franchissement des détroits actuels plus facile et où l’Australie, qui se joignait alors à la Nouvelle-Guinée, formait le continent du Sahul. La remontée des eaux lors des glaciations de l’époque du Würm, il y a environ 9 000 ans, isola ces populations de leurs voisins aborigènes qui, de leur côté, évoluèrent en vase clos dans la solitude du grand continent australien.Pour les Papous, l’aventure se poursuivit vers les îles proches du Pacifique sud, tandis que d’autres vagues ou groupes de peuplement venus d’Asie les rejoignaient tout au long de leur histoire. On pense aujourd’hui, avec la découverte de marécages drainés à des fins agricoles (probablement pour la culture du taro, datés de 9 000 ans à Kuk, près du mont Hagen), que les groupes qui colonisèrent les hautes terres inventèrent d’eux-mêmes les premières formes de l’horticulture océanienne.Après la grande migration papoue et probablement des croisements ethniques continuels, l’une des dernières grandes vagues de peuplement fut sans doute celle des peuples mélanésiens, de langue austronésienne et fabricants de poteries, qui, voilà environ 5 000 ans, colonisèrent les côtes des îles de la mer de Bismarck et du nord de la Nouvelle-Guinée avant de s’élancer à la conquête des îles plus lointaines du Pacifique occidental (Salomon, Vanuatu, Nouvelle-Calédonie...).Le dernier grand peuple découvert?Les premières découvertes européennes eurent lieu au XVIe siècle, grâce à des navigateurs portugais, mais les implantations coloniales ne débutèrent que très progressivement au milieu du XIXe siècle: les Allemands au nord, les Anglo-Australiens au sud, les Hollandais à l’ouest.Dans certaines vallées des hautes terres, la «préhistoire», ou plus exactement le premier contact avec le monde européen, ne remonte qu’aux années 1930. Les Allemands et les Anglo-Australiens n’avaient en effet jamais cherché à pénétrer l’intérieur de Papouasie-Nouvelle-Guinée, en raison des difficultés d’accès. Ils pensaient en outre cette montagne vide et sans intérêt. En 1930, toutefois, des aventuriers australiens s’y risquèrent dans l’espoir d’y trouver de l’or et, à leur grande surprise, découvrirent, entre 1 500 et 2 600 mètres d’altitude, des populations très nombreuses, occupant depuis des temps immémoriaux les hauts plateaux et vallées de l’intérieur. Près d’un million d’habitants avaient ainsi échappé sans le savoir au contrôle colonial et vivaient dans un état technique analogue à celui de l’âge de pierre. Encore ce premier contact ne fut-il que très limité: pour la plupart d’entre eux, les habitants des hautes terres n’entrèrent en contact avec le monde «blanc» qu’après la Seconde Guerre mondiale. Les Européens découvrirent alors que ce peuple néolithique pratiquait une horticulture savante et intensive fondée sur la patate douce, probablement introduite au XVIe siècle lors des premiers contacts avec les Portugais et parvenue à cette lointaine contrée par le relais successif des réseaux d’échange avec le bord de mer, preuve, s’il en était besoin, que ces peuples, sans contact apparent avec le monde extérieur, n’étaient pas malgré tout restés sans relations avec lui.La naissance d’une nationLes lointains soubresauts des rivalités des nations européennes aboutirent à la situation politique actuelle: une île et une population de même souche et de même culture coupée en deux. La partie ouest de la Nouvelle-Guinée, colonisée par la Hollande, devint en 1962, après ce qu’on appela «an act of free choice», une province de l’Indonésie sous le nom d’Irian Jaya. La partie est, colonisée par l’Angleterre au sud et par l’Allemagne au nord jusqu’en 1914, fut ensuite réunifiée et placée sous tutelle australienne, avant d’obtenir l’indépendance en 1975 et former l’État de Papouasie-Nouvelle-Guinée. La reine Elizabeth II est le chef de l’État et les langues officielles sont l’anglais, le pidgin et le hiri motu.Le premier gouvernement dirigé par le Premier ministre Michaël Somare, leader du Pangu Pati, prit en charge un pays au réseau routier embryonnaire (les deux principales villes du pays, Port Moresby et Lae, ne sont reliées par exemple que par les lignes aériennes) et à la conscience nationale encore quasi inexistante. Les cent neuf députés élus au Parlement sont et restent toujours beaucoup plus liés par des alliances claniques que par des solidarités de partis politiques ayant des objectifs nationaux. Le lieu d’origine du défenseur d’une certaine idée politique reste souvent bien plus déterminant que la justesse de son argumentation. L’individualisme des députés permet toutes les combinaisons possibles, ce qui rend les coalitions gouvernementales particulièrement instables. Anarchisme, individualisme ou bien démocratie grecque des premiers temps? La politique intérieure du pays reste mouvementée et oscille de crises en crises peu faciles à comprendre pour l’observateur extérieur. En 1987, une série de scandales financiers et politiques, liés souvent à des royalties offertes en sous-main par les compagnies minières internationales à des membres influents de la classe politique, discréditèrent un certain nombre d’entre eux, dont le ministre des Finances, Julius Chan, provoquant une crise grave. Les Premiers ministres (Paias Wingti jusqu’en juillet 1988, puis Rabbie Namalin et de nouveau Wingti après les élections de juin 1992) se battirent sans cesse contre le séparatisme.En effet, dès les premières années de son indépendance, la Papouasie-Nouvelle-Guinée dut faire face à des tentatives de sécession, dont celle de l’île de Bougainville, riche de ses gisements miniers, qui souhaitait former une nation à elle seule. Cette tentative et la pression d’autres mouvements «micronationalistes» à tendance séparatiste ont obligé le gouvernement à adopter, entre 1976 et 1978, une Constitution de type fédéral. Au total, vingt gouvernements provinciaux ont été mis en place, jouissant d’une large autonomie interne, ce qui a permis d’atténuer les pressions locales et de décentraliser les pouvoirs. Ce système multiplie les responsables politiques, le nombre des fonctionnaires et se révèle très coûteux. Il a toutefois permis d’éviter les sécessions dans un pays dont les régions et les ethnies communiquent mal. Si certains gouvernements provinciaux sont la proie de dissensions internes ou de dilapidation financière, d’autres ont par contre mieux réussi leur gestion régionale.Les risques de déstabilisationLa Papouasie-Nouvelle-Guinée ne pourrait pas se passer d’une aide financière extérieure, assurée pour l’essentiel par l’Australie. Le budget de l’État papou est ainsi financé pour plus du tiers par l’aide budgétaire directe de l’ancienne puissance de tutelle et les assistants techniques, pour la plupart australiens, continuent à tenir les postes clés à tous les niveaux de l’administration ou de l’économie du pays.Ce pays, le plus peuplé et le mieux doté en ressources naturelles de tous les États océaniens, parmi lesquels il joue un rôle de leader régional, représente en effet l’un des pivots de la politique australienne dans le Pacifique. L’Australie songea même un moment à faire de la Papouasie-Nouvelle-Guinée le septième État du Commonwealth australien, tant ses intérêts lui paraissaient liés à ceux de la grande île du nord.La solidarité historique qui unit l’Australie à la Papouasie-Nouvelle-Guinée est encore renforcée par la menace qui plane sur la frontière indonésienne. L’intégration de la partie occidentale de la Nouvelle-Guinée dans la République indonésienne ne s’est pas en effet passée sans problèmes. La politique de transmigration qui consiste à implanter des colons javanais dans l’Irian Jaya, en s’appuyant sur le fait que cette province est manifestement sous-peuplée eu égard aux normes javanaises, est apparue comme particulièrement impopulaire au sein d’une population papoue viscéralement attachée à son territoire, à forte conscience ethnique et dont le type d’horticulture itinérante exige des surfaces très étendues pour se dérouler convenablement. Le début de la construction d’une route stratégique frontalière a également suscité une certaine inquiétude en Papouasie-Nouvelle-Guinée.Un mouvement de résistance autochtone, l’Organisasi Papua Merdeka (O.P.M.) ou Free Papua Movement, entretient une insécurité dans les régions frontalières et oblige dès lors l’Indonésie à maintenir sur place des forces militaires permanentes. Leur action, conjuguée à certaines violations de frontière, a exacerbé la tension: près de 11 000 réfugiés papous sont passés à l’est. Leurs camps, accusés de servir de sanctuaires aux dissidents papous, créent de constants problèmes, provoquant l’irritation de l’Indonésie et un certain embarras de la part de la PapouasieNouvelle-Guinée et de l’Australie.Consciente de l’inégalité des forces en présence, la Papouasie-Nouvelle-Guinée a toutefois reconnu la souveraineté indonésienne sur l’Irian Jaya et désavoué officiellement l’O.P.M., en dépit des réticences de la population, fidèle à ses solidarités ethniques. Des leaders de l’O.P.M., réfugiés à Port Moresby, ont même été expulsés lorsqu’ils se révélaient trop bruyants, et les réfugiés des camps frontaliers ont été plusieurs fois menacés de l’être s’ils ne changeaient pas d’attitude. Mais expulsés vers où? L’Australie, sollicitée à plusieurs reprises par le gouvernement de Port Moresby pour les accueillir dans ses Territoires du Nord, a décliné l’offre.La présence encombrante des réfugiés de l’Irian Jaya reste donc sans solution pour la Papouasie-Nouvelle-Guinée, qui continue de manifester une grande prudence face à l’Indonésie, encouragée d’ailleurs dans cette attitude par l’Australie. Il est vrai que tout conflit militaire avec l’Indonésie devrait en principe entraîner l’engagement australien, ce qui incite à la réflexion.Fractures socialesLa Papouasie-Nouvelle-Guinée doit également faire face à une situation sociale intérieure fragile. La guerre tribale, procédé habituel pour régler les querelles interclaniques à l’époque traditionnelle, reste en vigueur malgré les interdits. Par le jeu des réseaux d’alliances, ces guerres peuvent déstabiliser des régions entières sur de longues périodes, et l’action de la police qui tente d’y mettre fin ne fait souvent qu’ajouter un troisième partenaire à une sorte de jeu social qui semble prisé de tous. La ville d’Hagen, capitale des Hautes Terres, fut en 1986 le théâtre d’émeutes de la part de guerriers qui envahirent la ville, peints de couleurs guerrières et la tête couverte de plumes; ils subirent le feu de la police. De telles scènes ne sont pas inconnues dans le reste du pays.Pourtant, le problème social essentiel n’est peut-être pas tant causé par la persistance des guerres tribales que par l’insécurité de type moderne qui règne actuellement dans les villes. Le développement rapide des zones urbaines, notamment à Port Moresby (193 242 hab. en 1990) et Lae (80 655 hab.), parallèlement à un exode rural qui ne cesse pas (14 p. 100 d’accroissement annuel des populations urbaines entre 1971 et 1980 et 9,4 p. 100 entre 1971 et 1986), pousse en effet une population nombreuse et jeune, privée brutalement de tout cadre coutumier, dans un univers urbain nouveau qui la fascine et la désoriente (15,2 p. 100 de la population est urbaine en 1990). Chômage et délinquance sont alors deux symptômes qui s’alimentent l’un l’autre. Face aux meurtres, viols et vols perpétrés par ceux qu’on appelle dans le pidgin local rascals , le gouvernement fut obligé en 1985 d’imposer pendant quelques mois un état d’exception avec couvre-feu à Port Moresby, mesure qui se révéla d’ailleurs efficace.L’espoir minierL’économie moderne a longtemps reposé sur des produits d’exportation agricoles: café, cacao, thé, bois, coprah et caoutchouc. Le café, produit par la petite paysannerie des hautes terres, a contribué à une réelle diffusion de l’économie monétaire dans les tribus et groupes claniques de l’intérieur. Toutefois, la variation des cours des matières premières agricoles tropicales frappe de plein fouet ce secteur économique fragile qui souffre, en plus, de l’éloignement du pays par rapport aux grands marchés de l’hémisphère Nord.Mais les espoirs économiques reposent sur les ressources minières. En 1992, l’exportation de l’or a représenté 43,1 p. 100 de la valeur totale des exportations et celle du cuivre 18,1 p. 100, alors que le café ne totalisait plus que 3,9 p. 100, le cacao 2 p. 100 et le coprah 4,4 p. 100. Les mines d’or et de cuivre de l’île de Bougainville sont exploitées depuis 1972, tandis que celles d’Ok Tedi, découvertes dans les Star Mountains dans le sud-ouest de la Nouvelle-Guinée, paraissent contenir des réserves infinies. Grâce à elles, la Papouasie-Nouvelle-Guinée se hissera peut-être dans les premiers rangs mondiaux des pays producteurs d’or.L’extraction de l’or, commencée en 1984 à Ok Tedi, doit être suivie par celle du cuivre; la mine, située à plus de 800 kilomètres de la côte et à 2 700 mètres d’altitude, dans une région où les précipitations atteignent plus de 10 000 millimètres par an, pose toutefois des problèmes difficiles d’aménagement et de transport, si l’on veut passer à une production à large échelle. D’autres gisements d’or ont été découverts à Libir, dans l’île de Nouvelle-Irlande, ou à Frieda River, dans les hautes terres, tandis que des signes de la présence d’hydrocarbures (gaz et pétrole) ont été décelés dans l’ouest et dans la plaine du Sepik.Une nation en transitionLa Papouasie-Nouvelle-Guinée reste à construire. Le jeune État mélanésien, qui a su dominer ses dissensions internes, est resté fidèle aux principes démocratiques. On peut d’ailleurs remarquer que les Mélanésiens se révèlent d’excellents stratèges politiques, particulièrement aptes à trouver des solutions de compromis, permettant d’éviter de recourir à la force. La classe dirigeante semble toutefois encore à la recherche d’une philosophie politique qui lui soit propre. Ainsi, les investissements de capitaux étrangers sont souhaités mais tout autant redoutés et parfois vilipendés. Le discours politique hésite entre un tiers-mondisme ombrageux et une volonté d’ouverture aux influences occidentales. Si le développement des zones rurales est affiché comme prioritaire, force est bien de reconnaître que la majorité des dépenses gouvernementales par tête d’habitant bénéficie bien plutôt aux zones urbaines.En réalité, l’État de Papouasie-Nouvelle-Guinée cherche une voie qui allierait modernité et respect des traditions mélanésiennes. La jeune nation manque également d’un mythe fondateur qui cimenterait son unité. La société papoue paraît toutefois dynamique et engagée dans un processus de transition qui tend à la faire passer d’un monde de tribus néolithiques à celui de société paysanne. Sans doute ce passage et les chocs culturels qui se sont succédé en moins d’une génération ont-ils été trop rapides. N’importe quelle autre société aurait été traumatisée pour beaucoup moins.Pourtant, les Papous semblent ne plus s’étonner de rien. L’image classique du chef, couvert de plumes, au cou enserré de colliers de coquillages et de dents de cochon, apprenant à conduire un tracteur ou montant dans un avion à l’aérodrome d’Hagen pour se rendre à telle ou telle réunion politique à Port Moresby, ou encore le contraste existant entre les infrastructures modernes de la mine d’Ok Tedi à financement international et les villages de cette région dont le mode de vie n’a pas réellement changé depuis les premiers contacts avec l’Europe sont des symboles classiques d’une société entre deux mondes. Mais la force de ce pays repose peut-être sur la profondeur de ce contraste: si l’abondance des ressources minières fonde l’espérance économique de demain, 80 p. 100 de la population subvient toujours pour l’essentiel à ses besoins propres. Cette aptitude à la survie d’une population en autosubsistance, qui reste profondément immergée dans sa culture, constitue au fond une solidité, en supposant toutefois que la corruption politique, l’urbanisation accélérée et une croissance démographique explosive (en 1993, taux de natalité: 33,0 p. 1 000 et taux de mortalité: 11,0 p. 1 000) dont les effets se font déjà sentir dans bien des régions rurales, en particulier sur les hautes terres, ne viennent emporter une nation qui, jusqu’à présent, a réussi à surmonter bon nombre d’écueils.Papouasie-Nouvelle-Guinéeétat d'Océanie, comprenant l'E. de la Nouvelle-Guinée, l'archipel Bismarck et d'autres archipels et îles moins import.; 461 691 km²; env. 3 800 000 hab. (croissance: 3 % par an). Cap. Port Moresby. Nature de l'état: rép. membre du Commonwealth. Pop.: en majorité Papous. Langues off.: anglais, néo-mélanésien; 700 dialectes. Relig.: religions traditionnelles; fortes minorités catholique et protestante. Monnaie: kina. Géogr. et écon. - Mal connu et peu pénétré, le pays s'ordonne autour d'une chaîne centrale (4 508 m au mont Wilhelm) qui se termine en péninsule effilée à l'E. et domine des plaines marécageuses à l'O. Le climat équatorial très humide entretient une forêt dense sur 95 % du territ. Clairsemés, les 85 % de ruraux ont une écon. de subsistance. Les cultures couvrent 1 % du sol: patates douces, taros, ignames; exportations: café, cacao, hévéa, noix de coco. Les ressources minières, abondantes, sont sous-exploitées (exportation de cuivre et d'or). L'Australie (qui se désengage) et le Japon sont les principaux partenaires économiques. Hist. - La Papouasie proprement dite (S.-E. de l'île) fut administrée par l'Australie à partir de 1906; en 1921, la Société des Nations y ajouta la Nouvelle-Guinée du N.-E. et l'archipel Bismarck, allemands de 1884 à 1914. Le territ. obtint l'autonomie interne en 1973, et l'indépendance en 1975. Paias Wingti, Premier ministre, a succédé en 1985 à Michael Somare. La Papouasie revendique l'O. de l'île qui, sous le nom d'Irian Jaya, appartient à l'Indonésie. Celle-ci soutient les séparatistes de l'île de Bougainville. V. Nouvelle-Guinée.
Encyclopédie Universelle. 2012.